
Précarité étudiante : causes et solutions
Un·e étudiant·e sur 2 a déjà sauté un repas en 2023, selon une étude. Pas par choix, mais bien parce qu’ils n’avaient pas de quoi finir le mois tout en mangeant correctement. Ce chiffre, c’est une des conséquences de la précarité étudiante, de plus en plus visible ces dernières années. Alors, comment savoir si tu es un·e étudiant·e précaire ? Quelles causes, quelles conséquences, et surtout, comment en sortir ? Éléments de réponse.
Qu’est-ce que la précarité étudiante ?
La précarité, c’est l’inverse de la stabilité, en termes de sous. Ça veut dire que t’es jamais sûr·e d’avoir assez d’argent pour payer ton loyer, manger comme il faut, t’acheter des vêtements adaptés à la saison, profiter de loisirs de base… Ça peut aller mieux de temps en temps, mais ta situation reste précaire, et globalement, t’as pas assez de ressources pour t’assurer une qualité de vie digne et stable.
En gros, la précarité, c’est des conditions de vie qui peuvent être très dures. Et ça peut toucher tout le monde, jeunes et vieux, mais parmi les étudiant·es, c’est un phénomène de plus en plus visible. Pendant la crise du Covid, notamment, on a vu plein de jeunes faire la queue aux banques alimentaires dans toute la France.
Les causes principales de la précarité étudiante
Aujourd’hui, c’est prouvé : la précarité étudiante touche de plus en plus de jeunes. Et les causes sont nombreuses.
Le coût des études et du logement, bases de la précarité étudiante
Faire des études, ça nécessite de payer des frais d’inscriptions. Et si ceux de l’université sont raisonnables, de nombreuses formations coûtent plusieurs milliers d’euros chaque année (même quand c’est pas justifié…). Du coup, si tes parents n’ont pas de sous de côté ou que tu peux pas compter sur eux, tu vas peut-être devoir faire un emprunt, et devoir le rembourser.
Et côté logements, c’est pareil. Les loyers sont toujours plus élevés, le coût de l’énergie a explosé (et les charges avec), c’est la misère pour trouver des logements pas trop chers… Du coup, le loyer est le premier poste de dépense des étudiant·es, avec des villes où ça peut dépasser les 600, 700, voire 800 € par personne (coucou Paris !).
L'accès limité aux aides sociales
Heureusement, il existe des aides étudiantes, notamment les APL et les bourses sur critères sociaux. Mais tout le monde n’y a pas droit (même quand on en a besoin), et elles ne suffisent pas toujours à sortir de la précarité étudiante.
D’autres aides peuvent exister, notamment dans certaines villes. Mais elles ne sont pas toutes connues du grand public et les critères sont parfois difficiles à remplir.
La difficulté à trouver un emploi étudiant stable
La solution, bien souvent, c’est de prendre un emploi étudiant, pour gagner un peu d’argent à côté des études. Et même si ça permet de remplir le frigo, c’est quand même pas le rêve d’enchaîner des journées de cours avec du taf’ en soirée ou le week-end. Et si, au sein d’une même promo, les courageux·ses qui taffent sont en concurrence avec des étudiant·es qui n’en ont pas besoin, on est pas dans le système avec la plus grande égalité des chances…
Mais au-delà de ça, les emplois étudiants sont rarement stables, même dans les jobs d’été cools. Déjà parce qu’ils sont souvent courts, avec des horaires hachés, et de plus en plus concurrencés par des auto-entrepreneurs·euses, qui coûtent moins cher aux employeurs, et qui peuvent être virés du jour au lendemain. Toujours plus de précarité pour les travailleurs et travailleuses, en somme.
L’isolement et la santé mentale, conséquences et causes possibles de la précarité étudiante
Tu t’en doutes : la précarité étudiante, ça peut t’isoler et avoir un impact sur ta santé mentale (et on t’en parle juste après). Mais si, de base, t’es mal dans ta peau ou isolé·e, ça peut aussi te faire tomber dans la précarité. C’est notamment le cas si t’es seul·e pour faire les démarches de demandes de bourse ou si tu fais de la phobie administrative, et que du coup tu n’obtiens pas celles auxquelles tu aurais eu droit.
Quels sont les impacts concrets de la précarité étudiante ?
Forcément, quand c’est régulièrement la galère niveau tunes, ça impacte quasiment tous les aspects de ta vie étudiante.
La première dépense qui saute : les loisirs
Les études le prouvent, et c’est logique : quand on a moins d’argent, le premier budget qu’on diminue, c’est les loisirs payants. S’acheter un bouquin, aller nager à la piscine, boire un coup avec ses potes… Tout ça, ça paraît futile, mais c’est essentiel d’avoir des loisirs pour trouver l’équilibre, surtout quand on fait des études exigeantes. Du coup, si t’es un·e étudiant·e précaire, t’as plus de risques de mettre cet équilibre en PLS.
Les problèmes de logement, d’alimentation et de santé
La précarité étudiante, ça touche évidemment d’autres aspects essentiels de la vie :
- Côté logement, tu vas devoir choisir un logement moins bien isolé, plus loin de tes cours, que t’auras pas les moyens de chauffer alors que t’en as besoin…
- Côté vêtements, tu vas pas vouloir faire de folies, mais du coup tu vas peut-être te convaincre que t’as pas besoin d’un manteau cet hiver alors qu’il fait super froid…
- Pour manger, tu vas peut-être choisir des repas moins équilibrés, de moins bonne qualité, voire en sauter certains pour faire des économies…
- Côté santé, tu vas pas vouloir aller voir un médecin quand t’en auras besoin (même si c’est en partie remboursé) ou te payer les médicaments qu’il t’aurait prescrits…
Le décrochage scolaire et le stress chronique
Et tout ça, fatalement, ça a un impact sur ton quotidien d’étudiant·e. Si t’es jamais certain·e d’avoir de quoi finir le mois, tu risques de stresser H24, de mal dormir, d’angoisser, de t’isoler… Et le tout peut avoir un impact sur tes études, voire te faire décrocher.
Quand t’es en situation de précarité, t’as moins de chances de réussir les études qui te permettraient d’en sortir.
Les aides existantes pour lutter contre la précarité étudiante
Heureusement, il existe différents moyens de sortir de la précarité étudiante.
Les aides financières et bourses
La première aide à activer, c’est la bourse sur critères sociaux. En fonction des revenus de tes parents, tu peux toucher jusqu’à 6335 € par an, versés mensuellement. Et les bénéficiaires ont d’autres avantages. Selon ton échelon, tu auras un accès prioritaire aux résidences universitaires, gérées par le Crous, et dont les loyers sont en dessous de la moyenne, par exemple.
Pense bien à faire ta demande de bourse dans les temps (au printemps en général, renseigne-toi sur le site du Crous) et à la renouveler chaque année pour la toucher dès le début de l’année !
Il existe d’autres aides, notamment les aides ponctuelles du Crous, la bourse (ou aide) au mérite), ou encore le revenu minimum étudiant (dans certaines communes seulement).
Attention, contrairement à ce qu’on pourrait penser, la prime de Noël ne concerne qu’assez peu d’étudiants.
Les aides alimentaires et l’accès aux soins
Si tu es boursier·e, t’as droit au repas à 1 € dans les restaurants du Crous : une bonne façon de manger équilibré, à ta faim et sans te ruiner ! Tu peux également te rapprocher d’assos qui luttent contre la précarité étudiante (AGORAé, Linkee…). N’hésite pas à jeter un œil à la FAGE : la Fédération des Associations Générales Étudiantes, pour trouver la plus adaptée à ta situation.
Côté santé, pense à te rapprocher des services de santé étudiante (SSE). Ils proposent différents types de consultation, et même s’ils sont basés sur les campus universitaires, ils s’adressent aussi aux étudiant·es inscrit·es ailleurs ! Et le mieux, c’est qu’ils assurent le tiers payant : pas besoin de l’avancer !
Les aides au logement étudiant
Tu les connais sans doute déjà : les APL (aides personnalisées au logement) concernent de très nombreux·es étudiant·es. Là aussi, pense à les demander à temps pour les recevoir dès que possible !
Comment aider un étudiant en situation de précarité ?
Si t’es concerné·e ou que t’as des proches qui peuvent l’être, voici quelques conseils pour lutter contre la précarité étudiante.
En tant qu’étudiant : connaître ses droits et oser demander
Parfois, c’est pas facile de demander de l’aide, ou de savoir qu’on n’est pas seul·e pour faire face. Si tu sens que les fins de mois sont difficiles (ou qu’elles commencent dès le 10 du mois…), pense à te renseigner sur le site du Crous. Tu peux aussi prendre rendez-vous avec un·e conseiller·e dans ton établissement (service de santé étudiante, assistant·e social·e…) pour avoir l’avis d’un·e pro.
En tant que proche : détecter les signes de précarité
Tout le monde ne vit pas sa vie étudiante de la même façon. Et parfois, on ne se doute pas quelqu’un qu’on voit tous les jours est en galère, a besoin d’aide et n’ose peut-être pas la demander. Un·e voisin·e, un·e pote, quelqu’un de la promo…
Alors reste attentif·ve : c’est peut-être toi qui peux l’aider à débloquer sa situation. Voici quelques indices qui peuvent cacher une précarité étudiante :
- La personne saute parfois des repas.
- La personne refuse des loisirs (payants) sans expliquer pourquoi et paraît gênée.
- La personne ne va plus en cours…
Le premier pas, c’est d’essayer d’en parler avec la personne en faisant preuve de délicatesse. Ensuite, tu peux proposer de vous retrouver autour de loisirs gratuits (balade, pique-nique, soirée film chez toi…) pour réduire son isolement (mais pas son compte en banque). Enfin, tu peux l’aider dans ses démarches (demander une bourse, gérer son budget…), ou à trouver quelqu’un à qui parler.
En tant qu’établissement : créer un environnement inclusif face à la précarité étudiante
Le rôle des établissements est central pour faire face à la précarité étudiante. Du coût des études à l’isolement des plus précaire, les écoles et universités peuvent agir :
- en faisant en sorte que les étudiant·es n’aient pas à se ruiner pour payer leurs frais d’inscription ;
- en mettant en place des partenariats avec des résidences étudiantes pour négocier les loyers ;
- également en proposant des activités gratuites pour que les étudiant·es se retrouvent, échangent, ne s’isolent pas en cas de difficultés ;
- ou encore en engageant des personnes dont le métier est d’aider les étudiant·es : gestionnaires pour aider aux démarches, assistant·e social·e, service d’infirmerie…
Étudier sans subir : l’importance du logement adapté pour lutter contre la précarité étudiante
Plusieurs rapports et baromètres le montrent : aujourd’hui, la majorité du budget des étudiant·es part dans le loyer. Le logement, c’est donc un gros facteur pour se retrouver (ou non) en précarité étudiante. Souvent, si certain·es étudiant·es restent chez leurs parents pour faire leurs études, c’est à cause du coût trop élevé du loyer.
Un logement abordable, stable et bien situé
Parce qu’avoir un logement qui ne te plonge pas dans la précarité, c’est avoir un logement :
- qui ne te coûte pas un bras, ou du moins dont tu peux payer le loyer sans galérer le reste du temps ;
- dans lequel tu sais que tu vas pouvoir rester au moins jusqu’à la fin de l’année, sans avoir à craindre de te retrouver sans rien du jour au lendemain ;
- qui soit décent : propre, sans nuisibles, avec une bonne isolation… ;
- dont tu peux payer les charges sans avoir à te geler en hiver ;
- pas trop éloigné de ton lieu de cours et/ou de ton job étudiant : si tu dois passer des heures chaque jour dans les transports, ton moral, ta forme et tes études risquent d’en payer le prix…
Précarité étudiante : les questions fréquentes
Pourquoi les étudiants sont-ils de plus en plus précaires ?
L’une des principales raisons, c’est l’augmentation du coût de la vie, couplée à la crise du logement :
- Avec l’augmentation des prix liée à l’inflation, ça coûte de plus en plus cher de manger, se vêtir, se chauffer, avoir des loisirs pas chers…
- Avec la crise du logement, c’est de plus en plus difficile de trouver des logements en location, notamment à cause du phénomène Airbnb...
Quels sont les signes de précarité chez un étudiant ?
La précarité, ça peut se manifester sous différentes formes. En voici quelques exemples, mais la liste est loin d’être exhaustive :
- la personne saute des repas ;
- elle ne porte pas de vêtements adaptés en hiver et/ou ne chauffe pas son logement ;
- elle refuse de sortir avec ses ami·es et s’isole ;
- ou encore, elle cesse de venir en cours et/ou voit ses résultats baisser sans cause apparente.
Un logement peut-il réduire la précarité étudiante ?
C’est certain ! Le logement est le principal poste de dépense chez les étudiants. Donc parvenir à payer un loyer raisonnable, c’est réduire le risque de tomber dans la précarité.
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